Madé !
L'emblématique Madé.
La tante que tout le monde aimait ! Sauf...
Madé et sa demie deudeuche (Plume au Vent) avec la non moins célèbre Solange qui, toujours vive et autonome, nous a quitté à la sortie de la messe, à quelques jours de ses 107 ans.
Le club des Boy et Deschamps.
Quelles femmes extraordinaires !
Et je suis bien placé pour en parler, moi (Xavier) qui ai été choyé pendant une dizaine d'années par ces mythiques bibliotécaires !
Moi qui ai fait subir à Madé, par mes disparitions nocturnes les angoisses de mai 68.
Et pourtant, j'ai passé une adolescence merveilleuse auprès de ces demoiselles tellement agréables et pétillantes.
Madé, Solange, Marthon, mais aussi mes oncles, tantes et cousins parisiens... Et Jean-Louis qui me donnait des cours de maths ! A tous merci.
Les balades dans la campagne d'Ile de France avec le club Rabant-André, les repas de midi très programmés de la rue St Jacques...
- arrivée de Ste Geneviève à midi 15 en ayant fait quelques courses au passage
- préparation du repas
- 12h25 arrivée des convives (Solange 1 jour sur 2, Xavier tous les jours, Dany Desgrippes le jeudi, Quelques fois Marthon, Jean-Louis souvent, Jacques Bernet-Rollande, Philippe Bulté...)
- 12h35 on se met à table
- 13h10 café
- 13h20 on dessert + vaisselle (moi j'essuyais)
- 13h45 tout le monde repart !
- ET c'était bon !
Que de bons souvenirs pour moi le standardiste du ODEON 32 14.
Et Philippe Bulté nous apprend que :
"Au moment du démarrage d'Emmaüs elles (Madé et Marthon) ont accueilli un ménage dans leur appartement rue St Jacques pendant plusieurs semaines le tout bien sûr à leur charge..."
(cliquer sur les images pour agrandir)
En avril 68, Madé fut promue conservateur en chef de cet immense établissement qu'est la bibliothèque Ste Geneviève.
Juste à temps pour risquer les aléas de Mai 68. Dans la crainte de voir la bibliothèque subir le sort du théâtre de l'Odéon, Madé prit l'initiative... d'aller dormir -sur un lit picot de l'armée- dans son bureau ! (Nous habitions encore 161 rue St Jacques). Un beau bureau, certes ! Mais pas vraiment prévu pour y dormir. Il est vrai qu'elle avait pour berceuse le doux tic tac de la superbe horloge astronomique régulièrement et amoureusement entretenue par un bel albinos, maître horloger du château de Versailles.
Puis vint l'heure de la retraite et Madé et Solange s'installèrent à Monsalut parfois rejointes par Marthon. Je travaillais alors en Afrique, mais quel plaisir de retrouver chaque été ces deux flamboyantes femmes. Il y avait le rituel quotidien du café : Un jour chez les unes, le lendemain chez les autres. Puis Solange sur la tondeuse, Madé à la bèche. Et la journée se terminait par un bridge ou une virulente partie de ping pong...
Le décès de Madé survint quelques mois avant mon retour définitif d'Afrique...
Et j'ai retrouvé dans la maison familiale, dont j'ai en partie hérité, un document émouvant :
Dans une boîte à chaussure restée dans le grenier, j'ai trouvé parmi divers documents sans intérêt, une lettre ouverte adressée au Maréchal Pétain. Par cette lettre, les signataires se déclaraient résistants auprès du Maréchal !!!
Et le plus surprenant, c'est que ce document retrouvé était un double en papier pelure... C'est donc Madé elle-même qui a tapé cette déclaration avec sa propre machine à écrire dont je reconnais bien la frappe ! Quel acte courageux dont elle ne s'est jamais vanté !
Mais elle l'a soigneusement conservé.
J'ai également retrouvé un rapport de 1940 sur l'Alsace occupée. Un témoignage historique de tout premier ordre.
Le courrier échangé avec ses parents (via la valise diplomatique, et vous pourrez constater que ce n'était pas une précaution inutile !!!) est également un témoignage important de la vie à Berlin quelques mois avant le début de la seconde guerre.
Berlin 1939 Guide pratique de Berlin (1939)
Et... cerise sur le gateau : En 1939, un projet d'écriture autobiographique et d'anticipation !
Une biblographie qui va jusqu'en 1999 ! Jugez par vous -même.